C’est un grimpion, c’est-à-dire un arriviste comme on disait en vieux français, à la manière de Julien Sorel, l’ambitieux romantique du Rouge et Le Noir de Stendhal ou de Sherman McCoy, l’imbuvable opérateur boursier du Bûcher des vanités de Tom Wolfe.
Rubempré arrivera par le journalisme, mais dans quel état !
Illusions perdues qui raconte son itinéraire, est un gros roman en plusieurs parties, à l’image de son auteur, ogre prolifique et génie foutraque, qui s’était attelé à une mission impossible : écrire une « histoire naturelle de la société ». Pour ce travail d’entomologiste, il a regroupé, sous le titre La Comédie humaine, quatre-vingt-onze textes en tout genre, écrits en seulement vingt-et-un ans, entre 1829 et 1850, l’année de sa mort.
Ce livre est, comme on le dirait d’un vin, le résultat de l’assemblage
de trois romans. S’il est censé s’inscrire dans le sous-ensemble Scènes de la vie de province, il prend son envol quand Lucien Chardon, poète au regard « si doux », monte d’Angoulême à Paris dans le sillage de sa « muse » plus âgée que lui, Madame de Bargeton.