Crime et châtiment de Fédor Dostoïevski

Livre 13/20 pour gagner 20 ans dans la vie.

C’est sans doute le plus grand, sinon l’un des plus grands romans

de tous les temps. Publié en 1866, Crime et Châtiment de Fédor Dostoïevski (1821-1881) provoque, à quelqu’âge qu’on le découvre, une sorte de sidération. L’écrivain franco-américain Julien Green qui le considérait comme le chef d’oeuvre absolu de la littérature aimait raconter qu’à un moment de l’histoire, la première fois qu’il le lut, son émotion fut si forte qu’il le laissa tomber par terre. Un jour, Stefan Zweig lui confia avoir vécu exactement la même chose.

La raison est évidente : les personnages de Dostoïevski sont plus que vrais que nature, ils sont même vivants.

Le point de départ de l’histoire n’est pas spécialement original : jeune homme pauvre, révolté et alcoolique, Raskolnikov assassine à coups de hache, pour la voler, Aliona Ivanovna, une usurière pas sympathique, ainsi que sa soeur qui a été témoin du crime. Le style est haletant, plus que grandiose. Lors d’un voyage en Russie, il y a longtemps, des professeurs de l’université de Saint-Petersbourg se moquèrent de moi après que j’eus repris le refrain éculé et idiot sur les prétendues mauvaises traductions de Crime et châtiment. « Le problème, ce ne sont pas les traducteurs, me dirent-ils en choeur, c’est l’auteur ! » Ce qui ne les empêcha pas de s’incliner ensuite devant ce chef d’oeuvre, casse-tête des traducteurs.

Le fabuleux secret de fabrication de Crime et Châtiment :

la vie s’envole, la plume marche derrière, elle a du mal à suivre. On dirait que ce livre a été écrit en état de transes. D’où les répétitions qui n’enrayent jamais l’espèce de frénésie qui s’empare du lecteur dès les premiers paragraphes d’un roman qui commence pourtant sagement : « Par une nuit extrêmement chaude de juillet du début de juillet, un jeune homme sortit de la toute petite chambre qu’il louait dans la ruelle S. » …

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Les 20 livres qu'il faut avoir lus

Par Franz-Olivier Giesbert

Ceux qui ne lisent pas de livres ne savent pas ce qu’ils perdent. Je me demande souvent ce que j’aurais fait sans eux. Quand je n’écris pas, je lis ou relis. D’où cette liste. Il y a des moments, dans l’existence, où l’on a envie de rendre aux autres ce qu’ils vous ont donné.

On a beau s’imaginer qu’on s’est fait tout seul, à la fin, on n’est toujours que la somme des leçons de vie de quelques personnes et des livres qu’ils vous ont fait lire. Au fin fond de la Normandie, j’ai eu la chance de grandir dans une famille où tout le monde, y compris les grand-parents, m’offrait ou me conseillait des ouvrages. Sans parler de mes professeurs du lycée d’Elbeuf.

C’est ainsi qu’en montant à Paris pour mon premier travail, le jeune provincial timide et complexé que j’étais, avait le sentiment de savoir déjà comment ça marchait, notre psyché, la société, les rapports humains. Grâce à des romans, des essais, des livres de philosophie. Cette liste que j’ai limitée à vingt, je l’ai depuis longtemps dans la tête et j’ai voulu vous la transmettre, pour partager.