L'art de la Guerre de Sun Tzu

Livre 1/20 pour gagner 20 ans dans la vie.

Vous ne comprenez rien à la stratégie militaire ?

Voilà un livre facile à lire, d’une modernité stupéfiante. Même si la légende présente son auteur comme un général chinois de l’Antiquité, on ne sait rien de lui. Ecrit entre le Vème et le IVème siècle avant notre ère, ce manuel a marqué, depuis, des générations de militaires et de diplomates, sous à peu près tous les cieux.

L’Art de la Guerre est une leçon de sagesse

qui peut servir en dehors des champs de bataille, jusque dans notre vie quotidienne, au travail, voire en famille ou pour un divorce. Les règles qu’il édicte sont très simples : ne jamais suivre ses humeurs; se garder d’engager le combat quand on n’est pas menacé; lancer l’offensive que si on a le certitude de l’emporter, après s’être assuré d’avoir l’avantage dans la plupart des domaines.

La stratégie est le nerf de la guerre :

elle peut transformer les faibles en forts et inversement, avant même que les hostilités commencent. L’art de gagner consiste avant tout à soumettre l’ennemi sans croiser le fer. Dans la traduction de Jean Lévi, celle qui fait référence, Sun Tzu écrit même que c’est là « le fin du fin ». Il entend remporter la guerre sans la faire ou, à la rigueur, s’assurer que l’adversaire soit en mauvaise posture avant de l’attaquer.

S’il n’est pas un enfant de choeur, Maître Sun est tout sauf un va-t’en guerre.

À ses yeux, les nations ne se relevant pas de leurs cendres et les morts ne revenant jamais à la vie, la guerre doit être considérée comme le dernier recours. C’est le seul moyen de gagner ce que l’on convoite quand on a épuisé tous les autres. En attendant, soyez prudent et circonspect, renseignez-vous sur la situation de l’adversaire grâce à un réseau d’espions, puis, s’il n’y a pas d’autres solutions, étudiez le terrain avec des éclaireurs avant d’attaquer et, alors là, pas de quartier, rusez et mentez autant que vous pouvez.

La guerre repose sur le mensonge : le vice et la cautèle sont les mères de la victoire.

Ce que Sun Tzu recommande ressemble à une version militaire du célèbre précepte de Mazarin dans Le Bréviaire politique qui lui est attribué : « Simule et dissimule ». Qui méprise l’ennemi sera vaincu. Essayez de lui faire croire que vous êtes un autre. Oubliez vos prétentions. Plus vous êtes capable et compétent, plus vous devez essayer de passer pour un nul. Prêt au combat, n’en laissez rien paraître. Quand vous êtes proche de votre adversaire, faites-lui croire que vous êtes loin. S’il semble fort, éloignez-vous. Harcelez-le pour détecter ses points faibles. N’hésitez jamais à bousculer vos plans. Quand, enfin, vous passez à l’offensive, jouez la « vierge timide » et tablez sur l’effet de surprise.

La surprise est la meilleure amie du général d’armée.

Si, par malheur, il est obligé de faire la guerre, elle doit être rapide comme l’éclair et infliger à l’ennemi le moins de pertes possible. L’objectif est d’abord de diviser le camp d’en face avant de prendre son Etat « intact » en conquérant ses villes sans avoir besoin de leur donner l’assaut. Pourquoi toujours s’obstiner à livrer bataille ? Jamais guerre prolongée ne profita à aucun pays, observe Sun Tzu. Anéantir ou ruiner ne saurait être le but.

Le « monstre d’inhumanité » ne maîtrisera jamais sa victoire.

Ne croyant pas à la guerre totale, le premier grand stratège de l’histoire se veut humain et juste. Il plaide pour la vertu qui, dans votre armée, assure la « cohésion » entre les inférieurs et les supérieurs. Elle doit s’appliquer aussi aux ennemis. Traitez bien les prisonniers et prenez soin d’eux, recommande-t-il. L’art de Maître Sun privilégie la rouerie, la séduction, la manipulation. Jamais la terreur qu’il juge contre-productive…

Ronald Reagan, accusé de bellicisme

par la plupart des grands médias, fut l’un des meilleurs disciples de Maître Sun avec son slogan « la paix par la force » : après avoir lancé son programme ruineux de « guerre des étoiles » pour effrayer l’Union soviétique qui ne pouvait pas suivre, le président américain lui tendit la main, en 1986, avant de signer avec elle, l’année suivante, un traité de réduction des armes stratégiques. Si l’on observe le comportement de Vladimir Poutine et de l’armée russe en Ukraine, il est clair qu’ils n’ont jamais suivi les préceptes de L’Art de la Guerre.

Mon édition préférée : L’Art de la Guerre traduit du chinois et commenté par Jean Lévi, spécialiste de la Chine ancienne, chez Pluriel, 324 pages, 6,80 euros.

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Les 20 livres qu'il faut avoir lus

Par Franz-Olivier Giesbert

Ceux qui ne lisent pas de livres ne savent pas ce qu’ils perdent. Je me demande souvent ce que j’aurais fait sans eux. Quand je n’écris pas, je lis ou relis. D’où cette liste. Il y a des moments, dans l’existence, où l’on a envie de rendre aux autres ce qu’ils vous ont donné.

On a beau s’imaginer qu’on s’est fait tout seul, à la fin, on n’est toujours que la somme des leçons de vie de quelques personnes et des livres qu’ils vous ont fait lire. Au fin fond de la Normandie, j’ai eu la chance de grandir dans une famille où tout le monde, y compris les grand-parents, m’offrait ou me conseillait des ouvrages. Sans parler de mes professeurs du lycée d’Elbeuf.

C’est ainsi qu’en montant à Paris pour mon premier travail, le jeune provincial timide et complexé que j’étais, avait le sentiment de savoir déjà comment ça marchait, notre psyché, la société, les rapports humains. Grâce à des romans, des essais, des livres de philosophie. Cette liste que j’ai limitée à vingt, je l’ai depuis longtemps dans la tête et j’ai voulu vous la transmettre, pour partager.